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civiliser les peuples, succombait sous une nouvelle révolte de la barbarie.

Au moment même où Charles Martel, vainqueur des infidèles, tendant la main à la papauté, semblait devenir le sauveur de la civilisation chrétienne, elle faillit périr des suites de la victoire. Les exploits de ce grand homme de guerre, en assurant la supériorité des Àustrasiens sur la Neustrie et de l’aristocratie militaire sur la royauté, avaient encore une fois changé la face du pays. Les Francs orientaux s’établirenten conquérants dans les villes de l’ouest et du centre, jusque-là paisiblementgouvernées par des officiers des rois et l’on vit toutes les violences d’une invasion barbare, avec tous les changements d’une révolution politique. En même temps, les armées sarrasines, passant les Pyrénées, avaient ravagé la Septimanie et l’Aquitaine. D’un côté, elles remontèrent la vallée du Rhône, prirent Lyon, Besançon et s’avancèrent jusqu’à Sens ; de l’autre, elles descendirent la Garonne, et, maîtresses de Poitiers, elles menaçaient déjà de. livrer aux flammes le sanctuaire national de Saint-Martin de Tours. La bataille qui sauva l’Eglise, des Gaules lui coûta cher ses biens furent donnés en fiefs aux guerriers. Charles, importuné des exigences de ses leudes, leur jetait les crosses des évéchés et des abbayes. Le siége de Mayence fut occupé successivement par deux soldats, Gerold et Gewielieb, son fils le premier périt en combattant les Saxons ;