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que que la Providence a mis des femmes auprès de tous les berceaux[1]

Prédications de S.Boniface.

Au bout de quelques années, Boniface comptait cent mille convertis. Mais c’était peu de mener au baptême ces hommes que nous avons vus si faibles et si tentés, si prompt à quitter le Christ pour retourner aux faux dieux, au meurtre, au pillage : il fallait mettre la cognée aux racines du paganisme dans les cœurs, plus fortes et plus tenaces que celles du chêne sacré de Geismar. Ce fut l’ouvrage de la prédication de saint Boniface et de ses disciples, si nous pouvons en juger par le recueil d’homélies qui nous est parvenu. On y trouve bien la parole toute vivante de l’apôtre, telle qu’il la devait à des néophytes grossiers, mais recueillie et traduite en latin, pour servir de modèle et comme de manuel aux prêtres chargés du même ministère. Ces homélies sont au nombre de quinze, en général très-courtes, et adressées à un auditoire aussi peu instruit des choses humaines que des divines. C’est ainsi que, racontant à ces barbares la naissance du Sauveur, le prédicateur leur apprend qu’il y avait alors une grande ville qui s’appelait Rome, un chef puissant qui se nommait Auguste, et qui fit régner la paix par toute la terre. Il trouve cependant le secret d’introduire ces esprits charnels aux

  1. Vita S. Liobae, ap. MAbillon, Acta SS Ordinis S Benedicti, saec. III. Cf Vita S . Sturmi, ap. Pertz, III; Vita S. Willibaldi, ibid. Mignet, 58, 60; Seiters, 171-221.