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un signe du ciel, fit plier le chêne gigantesque. Il s’inclina sous le poids de ses. branches, et tomba, se brisant en trois endroits, de sorte que, sans aucun travail, il se trouva partagé en quatre grands troncs d’une égale longueur. La foule des idolâtres rétracta ses imprécations, et loua le Dieu des chrétiens[1].

Le coup porté au paganisme en un jour voulait être soutenu par un effort de plusieurs années. Du bois de l’arbre sacré, on construisit un oratoire en’ l’honneur de saint Pierre. Deux autres églises s’élevèrent-auprès d’Altenberg et d’Ohrdruff puis, remontant le cours de la Wera, il reprit le chemin de la Thuringe, qu’il trouva livrée à tous les désordres de l’anarchie militaire, jusqu’à ce point que, le peuple, fatigué de la tyrannie de ses comtes, s’était donné aux Saxons. En même temps, des prêtres, concubinaires y prêchaient l’hérésie, en ameutant les nouveaux chrétiens contre le délégué de Rome, dont ils redoutaient l’autorité. Mais lui les confondit publiquement ; et, arrachant la multitude à leurs séductions, il continua de propager la parole de Dieu au milieu de beaucoup de privations et de périls. Le nombre des fidèles s’accrut rapidement, les églises se multiplièrent ; les nouveaux oratoires de Frizlar, d’Erfurt, d’Altenberg, d’Ohrdruff, s’élevèrent pour devenir le centre d’autant de bourgades, et les prédicateurs commencèrent a manquer.

  1. Willibald, cap.VIII. Sur le culte des arbres chez les Germains, Grimm, Mythologie, p 60 et suiv.