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devaient devenir les maîtres, non des idées, mais des affaires,

Romanos rerum dominos.

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Comment Rome eut besoin des Germains.

Ainsi, les Germains ne pouvaient se passer de Rome : il se trouva en même temps que Rome eut besoin des Germains. Depuis un siècle, l’Italie était fatiguée de la tyrannie théologique des empereurs grecs et de la rapacité de leurs exarques. Les peuples indignés renversaient les images des Césars hérétiques, et refusaient leurs monnaies. La persécution des iconoclastes allait éclater bientôt, et il devenait visible que l’empire d’Orient se détachait de la chrétienté. Il fallait donc qu’elle réparât ses pertes du côté de l’Occident. Les papes savaient qu’ils avaient là des fils turbulents, mais dont le bras était fort. Dans cette belle nation des Francs, parmi ces tribus austrasiennes qui en faisaient l’élite, on voyait régner, sous le nom de maires du palais, une famille héroïque. Pépin d’Héristal, par la puissance de ses armes, avait frayé le chemin à l’Évangile dans la Frise, et reculé la frontière chrétienne. Charles Martel, son fils, venait de

  1. Bède, Hist. eccles., passim, et surtout lib. IV, 1 et 2. Anastase bibliothécaire, Vitae pontificum, in Honorio, Vitaliano, Agathone, etc. Bède, Vitae abbatum Wiremuth , Matthieu de Westminster, ad ann. 727. Une autre tradition, rapportée par Lappenberg (p. 199), attribue la fondation de l’hospice des Saxons au roi Offra, avec cette affectation qui en fait une école  : « Ut ibidem peregrini linguas quas non noverant addiscerent. » Innocent III changea la destination primitive de cette maison, et en fit l’hôpital qui garde encore le nom de S. Spirito in Sassia.