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hérétiques de toutes les sectes. Saint Jérôme, qui le compte parmi les colonnes de l’Église, loue la grandeur de ses pensées, malheureusement trahie par l’incorrection de son langage. C’est en effet le caractère d’un fragment sur la création, conservé sous. le nom de Victorin, où l’on reconnaît aussi cette théologie symbolique dont l’école d’Origène poussa trop loin la subtilité. Tout s’y réduit aux harmonies des nombres sacrés : on y voit tous les rapprochements auxquels les mystiques se sont attachés : les quatre fleuves du paradis terrestre et les quatre animaux, symboles des évangiles; les sept chandeliers devant le trône de l’Agneau et les sept dons de l’Esprit ; les vingt-quatre vieillards qui se tiennent en présence de Dieu, considérés comme les anges des douze heures du jour et des douze heures de la nuit, comme autant de figures du temps rendant hommage à l’immobile éternité. Il y a quelque intérêt à trouver ainsi dans les écrits d’un évêque du troisième siècle, perdu sur les bords de la Drave, la clef des allégories qui remplissent les éclatantes mosaïques des églises de Rome et de Ravenne. Et si Victorin a multiplié jusqu’à l’excès les explications mystiques, si sa doctrine des nombres rappelle trop souvent les vaines spéculations des néopythagoriciens, s’il finit par tomber dans l’erreur de ceux qui attendaient l’avènement temporel du Christ et le règne de mille ans, on l’excuse d’une illusion qui fut celle de plusieurs grands