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relevant des humiliations de l’Ancien Testament ; et, s’expliquant sur ce règlement de Moïse, qui écartait du temple la femme nouvellement délivrée « Il faut savoir, dit-il, que ceci doit s’entendre au sens figuratif ; car, lors même qu’une femme, au moment où elle vient d’enfanter, entrerait à l’église, elle ne commettrait aucun péché. La tache est dans la volupté et non dans l’enfantement. Dans l’enfantement il n’y a que gémissement, selon ce qui fut dit à la première mère : « Tu enfanteras avec douleur.  » Si donc nous écartons de l’église la femme qui vient d’enfanter, nous lui faisons un crime de ce qui fut sa peine. » Telles étaient les maximes qu’il fallait faire pénétrer chez des barbares, dont les coutumes autorisaient la polygamie et soumettaient les femmes a une tutelle éternelle. Pendant que le prêtre expliquait à ses néophytes les Instructions de saint Grégoire, le chanteur national, le Scop, comme on l’appelait, les attendait au sortir de l’église avec ses récits, qui ne célébraient que le sang versé, l’ivresse des festins et l’enlèvement des captives. Longtemps après l’introduction du christianisme, un chant populaire met encore la joie de l’homme dans trois choses : l’argent, la parenté nombreuse qui soutient ceux de son sang dans les querelles, et « l’arc utile au combat, léger en voyage, qui est le bon compagnon du guerrier[1]. »

  1. S. Gregorii Epist., lib.XI, 64. C’est dans la même lettre que