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Ensuite l’évêque Paulin parla ; et, tous, ayant reconnu que la vérité éclatait dans-sa doctrine, le roi demanda qui se chargerait de profaner les autels, le temple et l’enceinte qui les environnait. Aussitôt Coïffi, renonçant à toute superstition, se fit donner des armes et l’étalon que le roi montait ; et, violant ainsi la loi païenne qui défendait les armes aux prêtres des Saxons, il s’élança vers le temple et y jeta sa lance pour le profaner. Puis, tout joyeux d’avoir reconnu le vrai Dieu, il ordonna ses compagnons de brûler le temple et d’en détruire l’enceinte[1].

Pendant que les convertis brûlaient leurs temples, c’était saint Grégoire qui ordonnait de les conserver. Comme il voulait les conversions sans contrainte,’il les voulait aussi sans ruptures avec les habitudes légitimes de l’esprit et du cœur. Il pratiquait cette économie savante de l’Eglise, qui ne méprise aucune des facultés humaines, qui ménage les imaginations pour s’assurer des consciences. C’est la pensée d’une lettre du pontife au

  1. Bède, Hist. eccles., lib. II,cap. XIII : «Talis inquiens mihi videtur, rex, vita hominum praesens in terris, ad comparationem ejus quod nohis incertum est temporis, quale cum te residente ad caenam cum ducibus ac ministris tuis tempore brumali accenso quidem foco in medio et calido effecto cœnaculo, furentibus etiam foris per omnia turbinibus...adveniens quo unus passerum domum citissime pervolarit, qui cum per unum ostium ingrediens mox per aliud exierit. sed tamen minimo spatio serenitatis ad momentum excerso, mox de hieme in hiemem regredions tuis oculis elabitur. Ita haec vita hominum ad modicum apparet, quod autem sequatur quidve praecesserit, prorsus ignoramus. »