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s’il nous méprise dès à présent, que sera-ce quand nous lui serons soumis ? » Cependant Augustin les pressait de se joindre aux siens pour annoncer la foi aux Saxons, leur prédisant que, s’ils refusaient d’éclairer cette nation, elle les en punirait un jour par les armes. Plus tard, en effet, Edelfrid, roi des Northumbres, fit un grand carnage des Gallois et de leurs moines. Mais il y avait déja longtemps que le bienheureux Augustin avait passé à une meilleure vie. C’est le récit de Bède l’allocution antipapale qu’on attribue aux députés du clergé breton est produite pour la première fois au dix-septième siècle par le protestant Spelman, sur la foi d’un manuscrit gallois sans date et sans auteur connu. Une autre chronique galloise du dixième siècle, postérieure de quatre cents ans, accuse des massacres de Caerléon l’envoyé de Rome, oubliant qu’il avait cessé de vivre, et qu’un roi païen, sourd à la prédication des missionnaires, n’était pas l’exécuteur naturel de leurs vengeances. Ce qui souleva les Bretons contre la mission d’Augustin, ce qui le fit repousser par leurs évêques et calomnier par leurs historiens, ce fut le ressentiment national, ce fut l’irritation d’un peuple qui ne pouvait pardonner à ces Romains d’évangéliser ses oppresseurs, par conséquent de les absoudre. Les mêmes chroniqueurs déclarent, en effet, que « les prêtres gallois ne pouvaient croire juste de prêcher la-parole de Dieu à la nation saxonne, à cette race