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Galles. Des historiens d’une autorité considérable ont donné à la querelle d’Augustin et des Bretons l’éclat d’une grande controverse théologique. Ils représentent, d’une part, l’ancienne Église celtique, indépendante dans le dogme comme dans la discipline, professant avec le Breton Pélage un christianisme plus pur, rejetant le péché originel et la damnation ; d’un autre côté, les prêtres romains moins occupés de prêcher la foi que d’étouffer une Église rivale. Quand Augustin convoque les députés des Gallois, et leur propose de reconnaître sa mission, on leur prête cette énergique réponse : « Quʼils « ne devaient aucune obéissance à celui qui se faisait appeler le pape et le père des pères. » On ajoute enfin que l’implacable étranger se vengea de leur refus en déchaînant contre eux le roi des Northumbres, qui tailla les Bretons en pièces à Caerléon, et noya l’Église galloise dans le sang de douze cents moines[1].

Si les Bretons méconnaissaient a suprématie de Rome.

Toutefois, l’hypothèse d’une Église nationale des Celtes, sans liens avec le reste de l’occident, ne se soutient pas mieux en Bretagne qu’en Irlande. Le clergé breton avait siégé aux conciles d’Arles et de Sardique ; il repoussait avec horreur les doctrines pélagiennes, condamnées au synode national de Vérulam. Gildas nous a montré les évêques de son pays

  1. Hughes, Horae Britannicae, p 264. Rettberg, t. I p. 317. Augustin Thierry, Conquête de lʼAngleterre par les Normands t. 1. M. Mignet, dans son excellent mémoire sur la conversion de la Germanie, a su éviter cette erreur.