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voir les évêques et les moines passant les Alpes pour satisfaire leur pieté en même temps que pour régler leurs intérêts. Gildas déplore déjà l’orgueil des prélats bretons, qui revenaient d’Italie chargés de brefs et de priviléges, l’œil hautain, dit-il, et le regard au niveau des montagnes[1]. Saint Colomban, inquiété par le clergé gaulois dans l’observation des coutumes irlandaises, en référait au jugement du souverain pontife. C’est au tombeau de Saint-Pierre que saint Amand de Maëstricht, saint Kilian de Würtzbourg, saint Corbinien de Freisingen, reçurent leur mission. Les fondateurs d’églises, les colonies chrétiennes troublées par la crainte des infidèles, par l’indiscipline du clergé et l’ignorance des néophytes, se tournaient vers le saint-siège et lui demandaient des pouvoirs et des lumières.

Les papes n’étaient pas demeurés indifférents à tant de sollicitations. Dans le désordre des invasions, et parmi les nations destinées à la ruine et au partage de l’empire romain, leur sagacité avait su démêler la mission du petit peuple franc ; et nous avons vu en quels termes le pape Anastase félicita Clovis, l’exhortant à devenir « la couronne de la papauté, et la colonne de fer qui soutiendrait l’Église. » Depuis ce jour, les pontifes romains savent où ils trouveront l’appui qui commence à leur

  1. Gildas. édition de Stevenson, 1838, p./75