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ce temps à retrouver les limites que ses premières prédications atteignaient déjà, à reprendreles villes dont les Césars avaient bâti les basiliques, dont les évêques siégeaient aux conciles d’Arles, de Sardique et d’Aquilée. Tant de fatigues n’aboutissaient qu’à réparer l’œuvre détruite de la civilisation romaine. Il fallait maintenant la poursuivre, s’établir dans la Grande Germanie, où Drusus, Marc-Aurèle, Probus, avaient pénétré sans y laisser rien de durable, et que le sénat n’osa jamais réduire en province. Cet effort devennait nécessaire pour la sécurité même de la société chrétienne. Le voisinage des païens était en même temps un scandale, une tentation et une menace de guerre. Il fallait passer la frontière des Romains ou céder comme eux : car c’est le sort des conquêtes, de ne pouvoir s’arrêter sans que, tôt ou tard, elles reculent. Le christianisme sembla donc rassembler ses forces. A la prédication des Irlandais succéda celle d’un peuple pour qui la Germanie ne devait plus être une terre étrangère. Au concours de l’épiscopat et du monachisme s’ajouta une intervention plus active de la papauté, et un grand homme se rencontra pour être le lien de tant de puissances et l’instrument libre de leur dessein.