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y voyez s’introduire et se développer les principes bienfaisants du droit naturel, du droit canonique, du droit romain. Je ne me propose point ici l’étude comparée de ces coutumes, je me restreins à trois points de législation ecclésiastique qui leur sont communs, où l’Église saisit pour ainsi dire la barbarie par des mesures qui vont la dompter.[1]

Les lois barbares.

On trouve d’abord les biens du clergé placés sous la protection de la loi : les lois confirment et renouvellent les pieuses libéralités des empereurs ; les donations des fidèles sont consacrées par un acte authentique déposé sur l’autel en présence de six témoins. Le rapt d’une chose appartenant au prêtre est puni d’une somme triple de celle qu’aurait encourue le même crime commis contre un séculier. Ainsi, dans un temps de conquête, au moment où la possession violemment acquise se conservait par la violence, où chaque manoir était un camp

  1. Prologus ad legem salicam. Eichhorn (Deutsche Staats und Rechts Geschichte) 1) pense que les lois alémanniques et bavaroises ne purent être rédigées sous Thierri Ier, fils de Clovis, mort en 554, l’Alémannie et la Bavière n’étant tombées sous la puissance des Francs que par le traité conclu avec les Ostrogoths d’Italie en 556. Mais les termes de ce traité, qui n’est connu que par le récit d’Agathias, écrivain éloigné des lieux, et plus habitué aux formes diplomatiques de la cour byzantine qu’aux relations tumultueuses des barbares, ne semblent pas assez prouvés pour infirmer un témoignage national. Cf. Guizot, Leçons sur la civilisation en France t. I ; Savigny, Histoire du droit romain, II ; Lex Ripuar.t. IX, 4 XVIII, 5 LX, 22, sqq. La loi des Alemans, promulguée en présence de, trente-trois évêques, s’ouvre par vingt-trois articles du droit canonique. La loi bavaroise, en matière de prohibition de mariage, de secondes noces, de vente, de dépôt, de lèse-majesté, etc., conserve toujours l’esprit et quelquefois la lettre des lois romaines.