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et leurs derniers cris se perdirent dans le silence de la nuit[1].

Après le départ de ses compagnons, Gallus fut saisi d’une grande tristesse ; et dès que la fièvre l’eut quitté, allant trouver le diacre Hiltibold, il lui demanda s’il connaissait dans le voisinage un lieu convenable pour y élever un oratoire et une cellule, « car, disait-il, mon âme a désiré d’un désir extrême finir ses jours terrestres dans la solitude. » Le diacre répondit : Mon père, je connais un désert âpre et resserré entre de hautes montagnes, mais tout peuplé d’ours, de loups et de sangliers. » Le saint répliqua  : «Si le Seigneur est avec nous, qui sera contre nous ? Et le lendemain, au point du jour, ils se mirent en chemin. A la neuvième heure, le diacre proposa de prendre le repas. ; mais le serviteur de Dieu déclara qu’il ne mangerait point avant que le Christ lui eût montré le lieu de sa demeure ; et ils continuèrent de marcher jusqu’à l’endroit où la petite rivière de

  1. Vita S. Galli, apud Pertz, t. Il, p. 5. On voit ici les traces de cette poésie rimée qui tendait à s’introduire dans la prose des légendes ; peut-être faut-il y reconnaître le reste d’un ancien chant populaire parmi les populations latines de la Suisse, recueilli plus tard par le biographe de Saint-Gall.

    Ecce peregrini venerunt,
    Qui me de templo ejecerunt.
    –En unus illorum est in pelago
    Cui nunquam nocere potero.
    Volui etiam retia sua laedere;
    Sed me victum probo lugere.
    Signo orationis est semper clausus,
    Nec unquam somno oppressus.