Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 4.djvu/127

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quents et d’un si grand exemple les nobles se dépossédaient pour les retenir, pour leur bâtir des cellules, quelquefois pour y aller vivre sous leurs lois. C’est ainsi que, les prêtres Caidoc et Fricor ayant converti un seigneur nommé Riquier, il embrassa la pénitence avec tant de ferveur, qu’il donna la liberté à ses esclaves, prit les ordres, et devint le fondateurdela fameuse abbaye de Centule. Vers le même temps, l’Irlandais Roding s’établissait à Beaulieu, — au cœur de la forêt de l’Argonne. Sidonius, de ta même nation, s’arrêtait à Calais ; les deux moines Ultan et Foillan obtenaient la terre de Fosse, au diocèse de Maëstricht. Saint Fursy, leur frère, avait pénétré jusqu’en Neustrie, où il fonda le monastère de Lagny : les peuples accouraient pour voir cet étranger mystérieux qui avait connu la mort. Car on disait que détachée en songe de l’enveloppe terrestre, l’âme de Fursy, sous la conduite de trois anges, avait visité l’enfer et le ciel ; il y avait appris les malheurs qui menaçaient le monde, à cause des péchés des rois, des évêques et des moines. Mais aucun de ces pèlerins ne devait égaler la gloire de l’évêque Livin qui, abandonnant son siège et sa patrie, était venu évangéliser les infidèles auprès de Gand, et périr par leurs mains. Toute l’Eglise des Gaules honora sa mort ; et nous-mêmes, nous nous émouvons encore à la lecture d’une épître que cet homme simple et bon écrivait, un peu avant son martyre, à Florbert, son