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la nuit, le contiennent sans l’étouffer, et l’humilient sans l’avilir. Voilà pourquoi la règle bénédictine devait prévaloir sur celle de saint Colomban, et la remplacer, dès la fin du huitième siècle, jusque dans les colonies religieuses de l’Irlande[1].

Ses poésies

Toutefois, Colomban n’avait pas si sévèrement banni de ses cloîtres les consolations de la terre, qu’il n’y eût laissé place aux lettres. Cet esprit austère était aussi un esprit orné. A l’âge de soixante huit ans, le fondateur de tant de monastères adresse à un ami une épître en vers adoniques, tout embaumée, pour ainsi dire, de poétiques réminiscences Il le prie de ne point mépriser ces petits vers, ces courtes mesures « sous lesquels Sapho, la « grande muse des Lesbiens, aimait à enchaîner de mélodieux accents. » Il compare les joies de l’amitié aux vains trésors qui font périr avec eux les empires : « La toison d’or fut la cause de beaucoup de maux ; une pomme d’or troubla le banquet des dieux, et arma la jeunesse dorienne contre l’opulent royaume des Troyens. La pluie d’or pénétra la tour de Danaé. Pour un collier d’or, Amphiaraûs fut vendu par une perfide épouse. C’est au poids de l’or qu’Achille vendit à Priam le corps de son fils. Et l’on assure que les portes de Pluton s’ouvrent devant un rameau d’or… Je

  1. Regula S. Columbani, Biblioth. Patr. Max., XII. Fleury, Hist. eccés., t. VIII. livre XXXV. Mabillon, Annales Ord. S. B., t. I. Rettberg, t. II, p. 678.