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lité aux traditions de l’indépendance irlandaise, et sa résistance à l’autorité des évêques de Rome. Quelques-uns pensent, au contraire, que l’isolement jaloux où Colomban s’enferma borna ses conquêtes, et que le prosélytisme irlandais, plus occupé d’étonner les hommes par des vertus inimitables que de les toucher par la parole et par les œuvres, dut abandonner enfin la conversion de la Germanie a des esprits moins fiers et à des mains plus actives[1]

Règle de saint Colomban.

Tout n’est pas sans fondement dans des jugements si divers et la règle de saint Colomban, où éclate surtout son génie, eut en effet de quoi effrayer les délicats. Au fond, on n’y trouve que les conditions ordinaires de l’état monastique, mais toutes poussées à une perfection, capable de désespérer la nature l’obéissance, mais jusqu’à la mort ; la pauvreté, mais jusqu’à l’oubli des choses terrestres la pureté, mais jusqu’à ce point que le péché de la chair n’est pas plus prévu dans la règle que le parricide dans la loi de Solon. Voici en quels termes le législateur trace la vie de ce peuple, auquel il a ouvert ses cloîtres « Que le moine vive dans le monastère sous la loi d’un seul et dans la compagnie de plusieurs, pour apprendre de l’un l’hu-

  1. M. Ampère a publié une savante et ingénieuse leçon sur S. Colomban dans l’Histoire littéraire de France t. II, chap. XVII. Cf. Guizot, Histoire de la Civilisation t. II, leçon XVI. Rettberg,Kirchengeschichte , t. II, p. 35. Hefele, Geschichte der Einfürhrung des Cristenthums im Sudwestlichen Deutschland.