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malgré les siècles qui nous en séparent ; toutes les différences de temps disparaissent dès qu’on entre dans le fond du christianisme, c’est-à-dire dans ce qui est du domaine de l’éternité. Avec ce pouvoir du bienfait, peu à peu les femmes devaient devenir les maîtresses des mœurs, des mœurs plus fortes que la loi. Plus tard elles auront part à la puissance des lois elles-mêmes ; c’est ce que vit le cinquième siècle en la personne de Pulchérie, fille d’Arcadius, qui, se trouvant un peu plus âgée que son jeune frère Théodose II, avait un admirable sentiment des difficultés des temps. Aussi,.vouant à Dieu sa virginité et sa jeunesse, elle prend la tutelle de son frère, et l’on voit une jeune princesse de seize-ans, petite-fille, il est vrai, de Théodose, et seule héritière de son génie et de son courage, gouverner l’empire d’Orient et l’empire d’Occident, qui n’avait rien à opposer à l’influence et au génie de cette femme, lutter pendant tout un règne contre les intrigues d’une cour d’eunuques, contre cet enuuque Chrysaphe, qui semble suscité comme le mauvais génie de l’empire byzantin.

Théodose meurt et les prétoriens décernent là pourpre à Pulchérie elle-même : elle est proclamée Auguste, impératrice et maîtresse du monde. Mais bientôt, redoutant sa solitaire grandeur ; elle tend sa main désormais chargée du fardeau impérial à Marcien, vieux soldat de qui elle obtient la pro--