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faire servante de toutes les misères, et lorsque Fabiola mourut, saint Jérôme raconte ses obsèques triomphales, qu’il compare à toutes les ovations dont l’ancienne Rome avait entouré ses grands hommes : « Non, dit-il, Camille ne triompha pas si glorieusement des Gaulois, ni Scipion de Numance, ni Pompée des peuples du Pont. On m’a raconté cette foule qui précédait le cortège, et ces torrents de peuples qui venaient le grossir. Ni les places, ni les portiques, ni les terrasses des maisons, ne suffisaient a contenir la multitude. Rome vit tous tes peuples différents qu’elle renferme réunis en un seul, et tant d’hommes ennemis se trouvèrent d’accord pour la gloire d’une pénitente[1].

Vous voyez donc les femmes déjà en possession de cet aimable empire de la charité que depuis elles n’ont pas laissé échapper de leurs mains. Ce spectacle de tout un peuple accompagnant le cortége de Fabiola s’est renouvelé : il y a quelques années ce même peuple se pressait aux funérailles de la jeune princesse Borghèse, et l’on vit les chevaux du char dételés par cette foule qui voulut porter le corps de sa bienfaitrice jusqu’aux lieux de son dernier séjour. C’est là un de ces points où les mœurs modernes touchent à l’antiquité : on a peine à y découvrir une imperceptible distance,

  1. Hieronymus, ep. LXXVII, de Morte Fabiolae.