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l’union soit sainte, et pour que le ciel la bénisse. C’était en rendant ainsi à~la femme l’empire absolu et éternel du cœur de l’homme, en lui faisant ainsi une royauté sans partage, en lui assurant la première dignité domestique, que le christianisme pouvait consentir à lui ouvrir les portes de la maison, à lui laisser franchir ces limites du gynécée où les anciens l’avaient confinée, et à la laisser s’avancer dans la cité, disposée maintenant à l’accueillir avec respect et vénération. Quand, pendant trois siècles, les hommes, chrétiens et païens, eurent été habitués à voir ces femmes chrétiennes dans le prétoire comme martyres, à l’église comme vierges, et partout pour visiter les pauvres et s’enquérir des misères à soulager, alors ils les laissèrent passer sans injures et sans insultes, comme des messagères du ciel qui ne traversaient le monde qu’en y faisant du bien ; alors il n’y eut plus de périls pour elles dans les rues de ces cités tumultueuses où jadis les matrones romaines étaient obligées de se faire porter dans leurs chaises par les bras vigoureux des Germains et des Gaulois leurs esclaves, qui repoussaient, loin d’elles les insultes. Alors le respect leur fut assuré. Elles en usèrent pour exercer la magistrature de la charité qu’elles ont conservée jusqu’à nos jours. Ce ne furent pas seulement les diaconesses, mais les simples chrétiennes, qui dévouèrent leur vie, ou cette partie de leur vie que leur laissaient les devoirs de la fa-