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tianisme en avait fait deux vertus. Les barbares connurent la dignité de l’homme, mais de l’homme libre et armé qui n’obéit pas, qui ne travaille point ; ce qu’ils connurent, à vrai dire, c’est l’honneur, l’honneur chevaleresque destiné à remplacer l’ancienne discipline militaire des légions romaines. Mais ils ne connurent pas, et l’Évangile seul pouvait reconnaître la dignité de l’esclave, de l’ouvrier, du pauvre, de l’homme qui obéit, qui travaille, qui souffre, c’est-à-dire de la plus grande portion du genre humain. Les barbares honoraient aussi dans la femme quelque chose de faible, quelque chose de divin. C’est une grande puissance des faibles d’imposer les ménagements et la délicatesse à celui qui est fort. Un gantelet de fer ne cueille pas une fleur comme il étreint une épée. Les barbares crurent voir dans les femmes les compagnes nécessaires de leurs aventures et de leurs périls ; ils eurent des guerrières, des vierges, des prophétesses ; mais le lendemain du danger le prestige se dissipait. L’antiquité n’avait même pas connu cette délicatesse et ces ménagements.

En Orient, les lois de Manou contiennent des passages charmants sur la destinée des femmes mais à côté nous y lisons : « Elles ont les cheveux longs et l’esprit court. » Chez les Grecs on nous dira : « Les dieux ont donné au lion la force, à l’oiseau des ailes, à l’homme la pensée ; n’ayant plus rien à donner à la femme, ils lui ont donné la