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deux battants, parce que ce sont ces mâles populations qui font la prospérité d’une communauté chrétienne mais il ne faudrait pas, dit-il, que ces hommes qui entrent au monastère croient par la échapper au travail de tous les jours, qu’ils avaient accompli jusque-là il ne faut pas que là où des sénateurs viennent s’enfermer et travailler de leurs mains, les paysans entrent pour faire les délicats et trouver le repos[1].

C’est là que le travail est organisé dès les premiers temps. Il y avait bien déjà dans l’antiquité romaine un commencement d’institutions industrielles, des corporations (collegia), des associations formées entre les ouvriers, et la législation romaine donne des preuves de l’existence d’une grande quantité de ces corporations, soit pour les ouvriers qui travaillent le bois, soit pour ceux qui travaillent le marbre, l’or, le fer ou la laine. Tous ces collèges nous apparaissent de bonne heure avec des propriétés communes, avec leur ordo, leurs curies, leurs magistrats particuliers qu’ils appellent duumviri ; mais ils étaient bien faibles, bien écrasés par la législation romaine, par les impôts qui pesaient sur eux ; de plus, la corruption païenne les avait gagnés. En effet, plusieurs de ces associations, qu’on serait porté à respecter outre mesure, n’étaient formées que dans la vue de se réunir, à

  1. V. M. Wallon, Histoire. de l’esclavage dans l’antiquité, t. III, p. 402 et suiv.