Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/61

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

riches qui se promènent sur les places et dans les bains, comme des pâtres chassant devant, eux des troupeaux d’hommes. Et comme on lui répondait. C’est afin de nourrir un grand nombre de malheureux qui mourraient de faim s’ils ne mangeaient pas mon pain, il répliquait « Si vous agissiez ainsi par charité, vous leur apprendriez un métier, et ensuite vous les rendriez libres, et c’est ce que vous vous gardez de faire. Je sais bien, ajoutait-il, que ma parole vous est à charge, mais je fais mon devoir et je ne cesserai de parler. » Ces paroles ont eu d’autres résultats elles tirent plus que d’accomplir un devoir, elles reconquirent un droit pour l’humanité opprimée, et chaque jour se multipliaient ces affranchissements que Constantin avait autorisés dans les églises les jours de fête. Il semblait qu’il n’y eût pas de joie possible si des esclaves n’étaient émancipés par bandes, et si, au sortir de l’église, l’hymne du jour n’était répété par une foule qui secouait ses fers et les jetait loin derrière elle.

Ainsi se. grossit sans cesse ce nombre des émancipations dangereuses pour la république. Mais qu’y faire ? il faut bien que les Romains s’accoutument à affranchir les captifs barbares, s’ils veulent être affranchis à leur tour. Les barbares, en effet, s’introduisent par toutes les portes de l’empire ; eux aussi enlèvent par troupes les femmes et les enfants, et vendent sur leurs marchés les sénateurs