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ébranlé. En effet, il ne restait plus au christianisme que peu de coups à frapper pour faire tomber successivement tous les pans de ce vieil édifice à moitié en ruines. Ce furent d’abord des catégories entières d’esclaves que le christianisme supprima comme les esclaves de théâtre. Avant de fermer les portes des théâtres païens, il les avait. ouvertes pour en faire sortir tous les esclaves attachés à ce service, ces innombrables danseuses qu’on comptait par troupeaux, ces mimes, ces hommes, enfin, qui étaient les esclaves les plus honteux les esclaves du plaisir. Que dire aussi de ces troupeaux de gladiateurs qu’il affranchissait a la fois de la servitude et de la mort ? Sans doute quelques chrétiens promenaient encore, sur les places publiques, le luxe insolent de leur cortége d’esclaves, mais le christianisme leur faisait une rude guerre, et saint Jean Chrysostome les attendait à la fête prochaine dans sa basilique de Constantinople ; alors il paraissait devant eux le front levé, les mains menaçantes, leur demandant compte de leurs duretés, de leur prodigalité, de leur oisiveté « Pourquoi tant d’esclaves ? Un maître devrait se contenter d’un serviteur. Bien plus, un serviteur devrait suffire à deux ou trois maîtres ; si cela te paraît dur, songe à ceux qui n’en ont pas[1]. »

Il en accorde deux mais il ne peut souffrir ces

  1. S. Joann. Chrysost., in Ep. I ad Corin. homilia 40.