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saint Hilaire, ce glorieux défenseur de l’orthodoxie. — Par quel artifice on l’attire à Tours, pour le faire évêque. Une multitude immense est venue pour voter. Un petit nombre et quelques évêques repoussent cet homme d’un aspect méprisable, de mine chétive, aux cheveux et aux vêtements en désordre. Mais la volonté de Dieu se manifeste et le peuple l’emporte. Il devient évêque et bâtit un monastère à Marmoutiers, pour s’y retremper, non pour s’ensevelir dans une oisive contemplation. Il en sort pour parcourir le centre de la Gaule, publiant la foi dans ces contrées mal converties, « où bien peu, dit Sulpice Sévère, avaient reçu le nom du Christ. » Il brûle les temples, renverse les autels et les arbres sacrés. Plus souvent sa prédication touchait si fort les païens, qu’eux-mêmes abattent leurs temples. Il n’est pas plus indulgent pour les superstitions chrétiennes et détruit l’oratoire élevé sur la sépulture d’un faux martyr.

En même temps, on voit saint Martin préoccupé de ces devoirs temporels dont les évêques du moyen âge ne se délivreront plus. Il est l’économe du bien des pauvres : il rachète les captifs, reçoit les pèlerins, leur lave les mains et les pieds. Mais surtout son caractère se fait voir dans sa lutte avec le pouvoir temporel, avec Maxime. Maxime régnait à Trèves, entouré de prélats adulateurs qui ne craignaient pas de fréquenter cet homme tout souillé du sang de Gratien. L’évêque espagnol Ithace, sou-