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conter l’origine germanique: ils s’étonnèrent, de trouver « une race amollie par la douceur du ciel et la graisse de la terre, héritière de la politesse et de la sagacité romaine, conservant l’élégance de la langue latine, des moeurs et la sagesse même des Romains dans l’ordonnance et le gouvernement des cités[1]. » En pénétrant dans ces villes, qui ont gardé leurs vieilles murailles, on y trouve encore toutes vivantes, au douzième, au treizième siècle, les croyances poétiques des anciens. Padoue montre le tombeau d’Antênor; le peuple de Milan ne-permet pas qu’on renverse la. statue d’Hercule ; les femmes de Florence bercent leurs enfant en devisant de Troie, de Fiesole et de Rome, comme les pêcheurs de Messine renouvellent chaque année la procession de Saturne et de Rhéa. La description de Rome que je publie, les premières chroniques de Florence, de Pise, de Venise, de Milan, montrent tous ces vieux souvenirs s’attachant, se cramponnant, pour ainsi dire, comme le lierre, à chaque pierre des ruines.

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latins

Avec les fables du passé, on en conservait la langue ; et, pendant que l’idiome vulgaire fait irruption dans les chartes latines, on voit le latin se

  1. Otton de Freysingen, de Gestis Friderici I, lib. Il, cap. 13 : «  Verum tamen barbaricae deposito feritatis rancore. Terrae aerisve proprietate aliquid romanae mansuetudims et sagacitatis trahentes. latini sermonis elegantiam, morumque retinent urbanitatem. In civitatum quoque dispositione reipublicae conservatione antiquorum adhuc Romanorum imitantur solertiam. »