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connues. Ainsi l’astrologie, ainsi toutes les exagérations du despotisme royal ; ainsi tout pédantisme et tous les souvenirs de l’art païen qu’on peut surprendre aux onzième, douzième et treizième siècle tout cela remonte à une origine antique, et constitue autant de liens que le moyen âge n’a pas voulu briser, et par lesquels il tient encore à l’antiquité.

D’autre part, nous avons établi que la civilisation chrétienne contient déjà, plus complétement qu’on ne croit, les développements qu’on a coutume d’attribuer aux temps barbares. Ainsi l’Église a déjà la papauté et le monachisme dans les mœurs, nous avons signalé l’indépendance individuelle, le sentiment de la liberté chez le peuple et la dignité de la femme. Dans les lettres, nous avons vu la philosophie de saint Augustin renfermer en germe tout le travail de la scolastique du moyen âge. Nous avons vu la Cité de Dieutracer les plus grandes vues de l’histoire, et enfin l’art chrétien des Catacombes contenir tous les éléments qui se développeront dans les basiliques modernes.

Voilà comme la Providence a mis un art singulier et une préparation prodigieuse à lier entre eux des temps qui semblaient devoir être entièrement séparés par le génie différent qui les animait. Vous voyez que lorsque Dieu veut faire un monde nouveau, il ne brise que lentement et pièce à pièce l’édifice ancien qui doit, tomber, —et qu’il s’y prend