Page:Ozanam - Œuvres complètes, 3e éd, tome 2.djvu/311

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’avaient pas connus : il les faut innombrables pour en dissimuler la pesanteur : on les multiplie, on les allége, on les diminue, de sorte qu’ils ne paraissent plus qu’autant de cordages tendus pour retenir sur la terre cette nef du ciel qui semblerait devoir s’éloigner et disparaître.

Telle est l’origine de l’architecture gothique, qui a marqué aussi l’origine de la Renaissance. Nous verrons cependant que la Renaissance préféra la forme ronde, la coupole, qu’avaient aimée les Byzantins. La nouvelle église de Saint-Pierre, qu’elle bâtira sur les ruines de l’ancienne, sera encore un grand effort pour élever dans les airs, plus haut que jamais, la même coupole qui dominait, déjà Sainte-Sophie, Saint-Vital de Ravenne et Saint-Marc de Venise.

Seulement, la chapelle sera plus grande et plus vaste qu’on ne l’avait jamais vue, elle montera plus haut qu’elle n’était jamais montée, parce qu’il y a au-dessous un tombeau générateur, un de ces tombeaux toujours vivants, si je pouvais le dire, un de ces germes qui poussent toujours et ce germe, sous là basilique obscure qui le dissimulait, travaillait sans relâche à ébranler ces murs trop étroits pour lui. Au-dessus est suspendu ce dôme, le plus élevé qui fut jamais, presque aussi haut que la plus grande pyramide d’Égypte, qui n’est après tout qu’un chef-d’œuvre de matérialisme, une masse de pierres entassées, tandis que sous les voûtes de