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Une seule chose put faire la force de Léon devant les barbares le grand patriotisme dont il était inspiré. C’est par là qu’il marque entre tous les docteurs de l’Occident, c’est là ce qui fait voir le nœud des temps anciens et des temps nouveaux, et la perpétuité des grandes et légitimes traditions dans les esprits chrétiens. Le pape Léon ressent en lui toute la passion des Cincinnatus et des Scipiôn il comprend la grandeur romaine autrement, mais il est toujours aussi dévoué à la gloire de cette cité dont il est citoyen en même temps qu’évêque. C’est là ce que nous montre le Discours pour la fête des apôtres Pierre et Paul, dans lequel il expose la destinée providentielle de ta ville où il a été établi serviteur des serviteurs de Dieu. « Afin que la grâce et la Rédemption répandît ses effets par tout le monde, la divine Providence a préparé l’empire romain, et ses développements ont été poussés a de telles limites, que, dans son sein, toutes les nations réunies semblaient se toucher. Car il entrait dans le plan de l’œuvre divine- qu’un grand nombre de royaumes fussent confondus en un seul empire ; et que la prédication, trouvant devant elle des voies ouvertes, pût rapidement atteindre tous les peuples qu’une seule cité tenait sous ses lois[1]. »

Vous le voyez, cette doctrine c’est celle que nous

  1. S. Leonis Magni Sermo primus in natale apost. Petri et Pauli.