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tation est si obstinée, qu’elle se reproduit sans cesse : à Venise, par exemple, les quatre évangélistes sont accompagnes des quatre fleuves du paradis terrestre, auxquels ils correspondent dans le langage symbolique de l’Eglise ; les fleuves sont couronnés d’algues marines et appuyés sur leurs urnes. Charlemagne s’en scandalisait, et, dans les livres carolins, il se plaint de ce qu’au milieu des peintures sacrées on représente les fleuves sous des figures païennes. Charlemagne ne put les faire disparaître, et, dans la cathédrale d’Autun, dans l’église de Vezelay, vous pouvez voir les fleuves du paradis terrestre représentés toujours sous la figure des anciens dieux ; appuyés sur leurs urnes penchantes. Mais la peinture et la sculpture ne sont encore que des dépendances de l’architecture, qui, dans les siècles primitifs, est toujours la science maîtresse. Et,en effet, à vrai dire, les bas-reliefs, les fresques, les mosaïques, ne pouvaient être que des dépendances monumentales d’un édifice capable de les soutenir et de les rassembler, d’en former un système qui eût un sens précis, étendu, qui leur donnât le moyen d’instruire véritablement et de toucher les hommes.

Ce n’est ici ni le lieu ni le temps de vous faire l’histoire de l’architecture chrétienne depuis les catacombes, ni de remonter complétement à l’origine première des basiliques. Je dirai cependant,