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foi des morts. Ainsi, déjà chez les anciens, une fleur sur un tombeau exprime admirablement la fragilité de la vie humaine ; un vaisseau à la voile, la rapidité de nos jours. Les chrétiens adoptèrent tous ces signes avec cet excellent esprit et ce bon sens admirable du christianisme naissant qui prenait de l’antiquité tout ce qui était beau, tout ce qui était bon, comme nous l’a montré déjà l’histoire des lettres et de la philosophie chrétiennes. Tout en adoptant ces signes, il en ajoutait de nouveaux et consolait la mort à sa manière en mettant sur les tombeaux la colombe avec le rameau, signe d’espérance et d’immortalité, l’arche de Noé au lieu de la barque vulgaire, l’arche qui recueille les hommes pour les sauver et leur faire traverser l’abîme ; enfin le poisson, signe mystique du Christ, parce que le mot grec ἴχθυς (poisson) réunissait les cinq initiales des noms par lesquels on désignait le Christ[1].

Ce signe convenu entre les chrétiens leur avait servi de ralliement, de moyen de se reconnaître entre eux, et d’autre part, le poisson exprimait le chrétien trempé dans les eaux du baptême. Ainsi une sépulture, dont on a recueilli l’inscription, ne portait pas un vers, pas un mot en prose, qui servît à désigner le mort ; on n’y voyait qu’un poisson et les cinq pains de la multiplication : eh bien, cette

  1. Ἰησοῦς Χριςτός, Θεοῦ υἱός, σωτὴρ.