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En effet, au moment où les chrétiens creusaient les catacombes de Saint-Callixte à Rome, à la fin du deuxième siècle, il s’agitait dans l’Église une des questions les plus terribles qu’elle ait remuées : à savoir si le pardon promis au pécheur ne lui était promis que pour une ou pour plusieurs fois, si le pécheur relaps pouvait être admis à la pénitence. Une secte considérable, les montanistes, ayant à sa tête un des plus illustres déserteurs de l’orthodoxie, Tertullien, soutenait que le pardon s’étend à celui qui a péché une fois, mais non à celui qui retombe que le bon pasteur rapporte bien sur ses épaules la brebis égarée, mais non le bouc, le chevreau qui, au jour du jugement, sera mis à la gauche du juge, tandis qu’à sa droite on verra seulement la brebis. Et, comme les chrétiens lui objectaient la parabole du bon pasteur, il répondait avec amertume que le bon pasteur s’était mis en quête de la brebis, mais que nulle part on ne voyait qu’il eût couru après le bouc. Et, dans son livre de Pudicitia, il reprochait à l’évêque de Rome d’aller à la poursuite des boucs, au lieu de ne courir qu’après les brebis égarées. C’est alors que l’Église, dans sa mansuétude, fit cette réponse à la fois aimable et sublime à ces hommes impitoyables qui ne voulaient pas de pardon à la faiblesse retombée, en faisant peindre dans les catacombes le bon pasteur, non plus seulement avec une brebis sur ses épaules, mais avec un bouc,