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pas seulement dans les. vers, dans la parole rhythmée, mais dans tout effort de la volonté humaine pour saisir l’idéal et le rendre, que ce soit par la couleur, que ce soit par des pierres ou par tous les moyens qui lui ont été donnés de frapper les sens et de. communiquer a l’intelligence d’autrui ce que son intelligence a conçu. Vous comprenez que l’art chrétien aura son berceau au berceau même de la religion chrétienne, c’est-à-dire aux Catacombes. C’est là qu’il faut descendre pour voir les origines de cette poésie que nous avons cherchée-dans les livres. Mais le peuple qui se rassemble là est trop fervent, trop ému, pour qu’un seul ou deux de ces moyens par lesquels l’homme peut traduire sa pensée lui suffisent ; il est d’ailleurs trop pauvre, trop ignorant, il se compose trop des dernières classes de la société romaine pour pouvoir porter bien loin la perfection dans l’emploi des arts : il faudra donc qu’il essaye à la fois de tous les arts, de tous les moyens par lesquels l’idée peut se traduire pour rendre, d’une manière bien imparfaite, les émotions dont la bonne nouvelle du christianisme vient de remplir son cœur.

Il faut se représenter les catacombes comme un labyrinthe de galeries souterraines qui s’étendent à des distances considérables sous les faubourgs et sous la campagne de Rome. On n’a pas compté moins de soixante de ces cimetières chrétiens, et