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magnifique qui nous entretient nuit et jour ? Les cieux racontent leur auteur ; les êtres créés ne parlent pas seulement de celui qui les a faits, mais ils nous entretiennent les uns des autres, et les plus petits, les plus obscurs, nous font l’histoire des plus lumineux et des plus éclatants. Cet oiseau de passage qui revient, qu’est-ce, sinon le signe du printemps qu’il ramène avec lui et des astres qui ont marché des mois entiers ? Et ce chétif roseau qui jette son ombre sur le sable, ne sert-il pas à marquer l’élévation du soleil sur l’horizon ? C’est ainsi que tous tes êtres se rendent témoignage, se provoquent, s’interpellent d’un bout à l’autre de l’immensité, et ce sont ces continuels rapprochements, ces innombrables symboles, ces harmonies, qui font la poésie du monde que nous habitons. Ainsi Dieu parle pardes signes, et l’homme, à son tour, quand il parle a Dieu, épuise toute la série des signes dont son intelligence dispose. Quel autre langage pourrait parler l’intelligence humaine que celui qu’elle a reçu, dans lequel elle a été formée ? Et voilà pourquoi, lorsque, à son tour, l’homme veut parler à Dieu, c’est peu de la prière, il lui faut le chant, il lui faut les cérémonies sacrées qui expriment aussi, à leur manière, par leur développement et par les chœurs qu’elles mènent, par leurs repos et par leurs marches, les mouvements de l’âme, ses élancements pour arriver à l’infini, et son impuissance qui la force à