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fécond. Voilà pourquoi, dès les premiers siècles, les actes des martyrs deviennent une partie du culte qu’on leur rend et sont lus publiquement à leurs fêtes. Voilà pourquoi aussi, dès les premiers temps, on voit dans l’Église romaine, sous les papes saint Clément ; saint Anthère, saint Fabien, des notarii, c’est-à-dire des sténographes chargés de recueillir les actes des martyrs, qui étaient parfois des procès-verbaux achetés aux greffiers. Ce sont là les premiers fondements de l’hagiographie chrétienne, fondements solides car ces procès-verbaux, lorsqu’on s’arrête à ceux dont l’authenticité est bien établie, ne laissent aucune place à l’interpolation. La brièveté, la simplicité, la sobriété des détails, attestent la fidélité de celui qui les a recueillis. À cette classe de monuments appartiennent les actes du martyre de sainte Perpétue, la lettre de l’Église de Lyon sur ses martyrs, et cette autre admirable lettre de l’Église d’Asie qui contient le récit de la mort de saint_Polycarpe ; tels sont aussi les actes de saint Cyprien. C’est un procès-verbal qui, ce semble, aurait pu être celui du greffier païen attaché au tribunal du proconsul, tellement toute réflexion et toute parole de commisération semblent être bannies Cependant ; à la vérité, à la fidélité avec laquelle sont exprimées la grandeur du martyre, toute l’émotion et toute la pitié de ceux qui l’environnent, on reconnaît bien une main chrétienne, fidèle, incorruptible ; qui n’a rien