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hommes, embrasse et soutient tout cet ensemble de choses passagères qui ne seraient pas dignes un instant ni de l’attention pour les suivre, ni des efforts de la mémoire pour les retenir, si, au delà de cette foule de siècles qui se pressent derrière nous, devant nous, ne se plaçait l’idée d’une puissance invisible, qui les pousse, les soutient, marche et fait tout marcher.

Je dis que d’abord nous rencontrons les chroniques. C’est là un fait nouveau. Sans doute les anciens avaient eu quelques chroniques, telles que celles d’Ératosthène et d’Apollodore ; mais chez eux cette tentative fut tardive et insuffisante : le calcul des temps, l’art de vérifier les dates, ne fut jamais poussé bien loin ; la critique historique n’était pas le caractère dominant, du génie de l’antiquité. Je ne nie pas cependant des efforts pour préciser le temps et le lieu de certains événements : ceux de Polybe, par exemple, pour arriver à l’étude particulière de certaines causes ; mais jamais ces efforts n’ont été étendus à l’universalité des destinées humaines. Les premiers apologistes du christianisme, Justin, Clément, Tatius, avaient insisté d’abord, et non sans motifs, sur l’antiquité de Moïse et la supériorité de sa sagesse, si supérieure à la sagesse des héros et des sages de la Grèce. Jules Africain écrit une Chronographie du commencement du monde à l’empereur Héliogabale ; saint Hippolyte,