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opposé au Romains, dont saint Augustin était considéré comme le chef, il va au-devant des objections : Je sais qu’on dit de moi : « Surtout qu’il ne parle pas de Rome Oh! s’il pouvait ne rien dire de Rome ! » Comme si je venais pour-insulter autrui et non pour fléchir Dieu et pour vous exhorter selon la mesure de mes forces. A Dieu ne plaise que j’insulte Rome ! N’y comptions-nous pas beaucoup de frères ? n’en avons-nous pas encore beaucoup ? Une grande partie de la cité de Dieu voyageuse en ce monde n’y a-t-elle point sa demeure!... Que dis-je donc quand je ne veux point me taire, si ce n’est qu’il est faux que notre Christ ait perdu Rome, et qu’elle fut mieux gardée par ses dieux de pierre ou de bois. Les voulez-vous plus précieux ? ses dieux d’airain ; ajoutez ses dieux d’argent et d’or. Voilà à qui des hommes savants avaient confié la garde de Rome. Comment donc garderaient-ils vos maisons, ces dieux qui n’ont pas pu garder leurs idoles ? Il y a longtemps qu’Alexandrie a perdu ses faux dieux ; il y a longtemps que Constantinople a perdu les siens, et, reconstruite par un empereur, chrétien, elle a grandi cependant, elle grandit encore, elle demeure, elle demeurera autant que Dieu l’a résolu ; car même à cette cité chrétienne nous ne promettons pas l’éternité[1]».

  1. S. Augustin, serm. 105, c. 7 et 9.