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fondée sur la nature, la distinction des trois styles : le simple, le tempéré et le sublime. Le sujet de l’orateur chrétien est toujours sublime, mais il n’en est pas de même de son style. Le style simple, dit saint Augustin, est celui que l’auditeur supporte plus longtemps ; et ; plus d’une fois dans sa longue carrière, il a observé que l’admiration d’une belle parole arrache quelquefois moins d’applaudissements à l’auditoire que le plaisir d’avoir conçu, facilement et sans nuage, une vérité difficile mise à sa portée par une parole simple. Voilà tout ce que recommande saint Augustin pour l’élocution. En ce qui concerne le nombre oratoire, il déclare que, pour lui, il cherche à le conserver dans ses discours, sans affectation, mais qu’au fond il y tient peu et se réjouit de.ne pas le rencontrer dans les livres saints, qu’il éprouve quelque plaisir dans les beautés naïves, incultes, toutes spirituelles de l’Écriture, affranchie en quelque sorte de ces usages de la sensualité ancienne. Il y a quelques périls dans les dédains de saint Augustin pour les délicatesses du style ; il y a ici quelques traces de la décadence et du mauvais goût de son siècle. Cependant, s’il est insuffisant en ce qui concerne l’élocution, s’il n’a fait que répéter les règles de la rhétorique cicéronienne en ce qui regardait l’invention, il va se relever singulièrement lorsqu’il entrera jusque dans les derniè-