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On en trouve des traces dans Ennius, dans les poésies de Cicéron, et même dans les vers de Virgile, l’hémistiche rime avec la fin du vers. Cette rime se retrouve surtout, avec une affectation et une recherche très-volontaire, dans les pentamètres d’Ovide, qui va au-devant des désinences consonnantes, se plaît à les rapprocher, et y trouve évidemment sa satisfaction et l’espoir certain d’enlever un applaudissement. Ce goût de la rime, qu’on ne peut pas s’empêcher de reconnaître jusque dans la poésie savante du siècle d’Auguste, paraît sortir des instincts poétiques du peuple, de ce peuple qui, avec sa langue grossière, devait avoir aussi sa poésie rude et ignorante. En effet, parmi les plus anciens monuments de la chanson populaire latine, il s’en trouvé plusieurs dont les vers riment entre eux. Vous connaissez ce chant des soldats romains

Mille, mille Sarmatas occidimus. ;
Mille, mille Persas quaerimus.

Le christianisme, si condescendant pour les goûts populaires, n’avait, assurément aucune raison de contrarier celui-là et aussi, dans les plus anciens essais poétiques qui soient tombés d’une main chrétienne, on est surpris de trouver déjà la rime développée a un point qui nous transporte dans les habitudes des temps modernes. Je signale, pour la première fois, un poëme très-peu connu, qui n’a en-