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contemplation divine des choses terrestres, cette contemplation idéale des choses réelles ? En second lieu, le génie grec, qui fut, par-dessus tout, celui de la spéculation, de la philosophie, qui fut capable d’adapter des expressions justes et fines à toutes les nuances de la pensée humaine, qui suffit à tous les besoins du passé que dis-je ? à tous les nôtres ; car c’est encore à cette langue que nous venons demander des mots pour désigner les découvertes de notre siècle. Enfin, le génie latin, qui fut celui de l’action, du droit, de l’empire. Pour que la civilisation ancienne tout entière passât dans l’héritage des modernes, pour que rien ne se perdît de la succession intellectuelle du genre humain, il fallait que ces trois génies fussent conservés, il fallait que ces trois esprits de l’Orient, de la Grèce et de Rome vinssent, en quelque sorte, former l’âme des nations naissantes. La langue latine offrait au christianisme un instrument merveilleux de législation et de gouvernement pour l’administration d’une grande société mais il fallait que la langue de l’action devint celle de la spéculation il fallait assouplir, populariser cette langue roide et savante, lui donner les qualités qui lui manquaient pour satisfaire la raison par toute la régularité et l’exactitude de la terminologie grecque, et pour saisir l’imagination par toute la splendeur du symbolisme oriental.

Le christianisme y réussit par un ouvrage qui,