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Cette vie paraît avoir captivé les regards et. l’admiration de tous les hommes de ce siècle, et il n’est pas de sainte qui ait été célébrée davantage dans les discours des hommes éloquents et les vers des poètes. Saint Ambroise y revient à trois fois, et, ’au commencement de son livre de Virginitate, il se plaît à célébrer cette jeune fille qui avait bravé les bourreaux, qui s’était avancée au lieu du sacrifice plus triomphante que si elle était allée donner. sa main au plus illustre descendant des consuls. Mais les poëtes surtout s’attachent à cette image et d’abord le pape saint Damase, qui vivait à la fin du quatrième siècle, a chanté, dans un poème très-court, mais d’une rare énergie, le supplice d’Agnès et sa gloire, « comment au signal lugubre de la trompette, elle s’échappa des bras de sa nourrice, foula aux pieds les menaces du tyran, et, quand son noble corps fut livré aux flammes, comment sa jeune âme vainquit l’épouvante immense, comment elle se couvrit de ses longs che veux, de peur que des yeux périssables ne vissent le temple de Dieu.

Viribus immensum parvis superasse timorem,
Nudum profusum crinem per membra dedisse,
Ne Domini templum facies peritura videret[1]

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Ces vers sont très-beaux, mais ils sont égalés par l’hymne que Prudence, poëte du commencement

  1. Bibliotheca Patrum, t.V,p. 543.