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LETTRES DE FRÉDÉRIC OZANAM

corps, avec l’autorité de son talent nécessaire pour la défense de l’Université, un esprit moins hostile que M. Jouffroy et moins déclaré contre la religion.

On dirait que depuis quelques mois il y a recrudescence de mauvaise volonté à l’égard des principes conservateurs, dont cependant le gouvernement déplore la décadence. On vient d’envoyer prêcher le saint-simonisme au Collège de France, et un réfugié italien va remplacer M. Bautain à Strasbourg, pendant qu’on décerne la croix d’honneur, non-seulement à l’auteur d’un livre aussi antifrançais qu’anticatholique, mais à l’auteur d’un poème encore plus licencieux que ses feuilletons. D’un autre côté, on autorise des cours publics pour les ouvriers, professés par des hommes notoirement hostiles aux idées chrétiennes, et qui s’emploient à ranimer de leur mieux les préjugés mourants et les haines éteintes.

Tout ceci m’inquiète souvent, mais ne me décourage pas. Je sais que dans nos convictions il y a une force plus grande que le mauvais vouloir de nos adversaires. Je ne gagnerais rien à les dissimuler, je n’acquerrais pas la confiance des supérieurs qui me connaissent, j’y perdrais celle de la jeunesse qui m’aime. Il n’est pas inopportun, dans les temps où nous sommes, de conserver quelque dignité et quelque indépendance.

Adieu, mon bon père, veuillez dire à Théophile que je m’associe par des souvenirs encore récents