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ANNÉE 1842

Ainsi votre tâche est déjà remplie en un point, ce n’est pas inutilement que la bénédiction nuptiale est descendue sur vous, et la rosée d’en haut a porté son fruit. Vous aviez déjà en paradis une sainte qui est votre mère, vous y aurez maintenant un ange qui est votre fille entre elles deux, elles vous garderont votre place ; et si vous trouvez que vous ayez trop à attendre pour les aller rejoindre, pensez que trente ans sont bientôt passés nous savons maintenant vous et moi ce qu’il en est. Mon cher ami, combien des miens ont déjà pris cette route. A la suite de mes pauvres parents, voici deux ans que plusieurs personnes de ma famille disparaissent, et s’en vont l’une après l’autre, et il me semble quelquefois qu’elles me font signe de venir. C’est là-bas qu’est la réalité de la vie : ici qu’aurions-nous sans les oeuvres qui nous suivent, et Dieu qui nous visite ?

Dieu, qui veut vous attacher à lui, vous prend par tous les liens les plus forts qu’il ait mis au cœur humain. Il ne vous est plus possible d’oubliercette patrie où vous avez envoyé de si chers otages. Votre regard tourné vers le ciel y trouvera la lumière et la fermeté qu’il lui faut pour les devoirs et pour les besoins de la terre. Le meilleur moyen de bien juger des affaires de la vie, c’est d’y porter le calme et le désintéressement, c’est de les considérer de haut, et comme des intérêts étrangers. Voilà pourquoi les grandes afflictions affermissent l’âme,