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ANNÉE 1842

monde pour les remplir, je les partage avec un petit nombre d’amis dont vous connaissez la plupart. Vous pensez bien que je vois souvent Wilson, Gouraud, M. de Carné ; par conséquent vous êtes bien sûr qu’on parle souvent de vous. M. Montalembert, surtout, m’exprimait l’autre jour, avec la plus vive chaleur, sa gratitude pour vos bons conseils, et le prix qu’il y attachait. Il attend beaucoup de votre amitié pour son Histoire de saint Bernard. Du reste, j’ai eu le plaisir de le trouver plus confiant et plus animé que jamais, n’ayant plus rien de ces découragements que vous lui avez connus. Il me semble que son beau talent s’est encore affermi ; j’ai aimé la touche forte et simple de sa brochure, où je vous remercie en passant d’avoir conservé mon nom. Cette publication a décidé assurément plus de la moitié du mouvement que nous voyons aujourd’hui.

Pour moi, le cours des événements commence à fixer mes idées. Je crains toujours que les questions catholiques n’aient été soulevées trop tôt, et avant que notre nombre, notre influence, nos travaux, nous eussent mis en mesure de soutenir la lutte ; je crains que des laïques sans grâce d’état, sans autorité, n’aient pris une responsabilité effrayante en engageant l’Église de France dans une crise dont nul ne peut prévoir l’issue. Mais lorsqu’elle s’y est trouvée inévitablement engagée, lorsque l’opinion publique était saisie ; que les exagérations, les vio-