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y a une chose qu’on-ne leur a point enseignée, une chose qu’ils ne connaissent que de nom et qu’il faut avoir vu souffrir aux autres, pour apprendre à la souffrir quand elle viendra tôt ou tard. Cette chose, c’est la douleur, c’est la privation, c’est le besoin… Il faut que ces jeunes seigneurs sachent ce qu’est la faim, la soif, le dénûment d’un grenier. Il faut qu’ils voient des misérables, des enfants malades, des enfants en pleurs. Il faut qu’ils les voient et qu’ils les aiment. Ou cette vue réveillera quelque battement dans leur cœur, ou cette génération est perdue. Mais il ne faut jamais croire à la mort d’une jeune âme chrétienne. Elle n’est pas morte, mais elle dort.

Mon cher et respectable ami, je vous envoie dans le Bulletin de la Société de Saint-Vincent de Paul, une excellente instruction sur la formation des conférences dans les maisons d’éducation. Assurément votre expérience n’a pas besoin d’être éclairée, et vous pourrez adapter notre petite œuvre à votre grande maison, sans cesser de nous être uni et de faire gagner à vos élèves les riches indulgences accordées à la Société de Saint-Vincent de Paul. Bientôt vos meilleurs jeunes gens, divisés en petites escouades de trois, de quatre, accompagnés d’un maître, vont monter l’escalier de l’indigent ; vous les verrez revenir à la fois tristes et heureux, tristes du mal qu’ils auront vu, heureux du peu de bien qu’ils auront fait. Quelques-uns s’y porteront