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du chemin de fer, dans les rues de ces villes laborieuses ; mais un peu brutales, convenez-en, un des esprits les plus délicats et en même temps les plus richement ornés de ce siècle : un écrivain, un poète, qui sait vous expliquer les rouages de la constitution américaine, et en même temps vous démontrer la machine à broyer le riz qui vous fait plonger le regard dans la forêt vierge et compter les balles de coton. Je ne finirais pas si je vous disais tout le bien que je pense de ce voyageur, mais je vous sais un peu injuste à son égard et aussi sévère pour lui qu’indulgent pour les autres. Vous avez raison de persévérer dans cette sévérité où vous êtes seul de votre avis, la postérité vous en tiendra compte. Vous pensiez n’avoir qu’une tente sur la rive du Nil et une chambre garnie au bord du Mississipi et vous vous serez construit sur les deux fleuves deux monuments.

Vous comprenez qu’une sainte émulation me gagne ; depuis que je me trouve plus capable de penser et d’écrire, malgré les protestations de madame Ozanam, j’écris aussi mon Odyssée, mon voyage à Burgos[1]Ne vous fâchez point : j’avais

  1. Un Pèlerinage au pays du Cid, Œuvres complètes, t. VII, p. 1. Ce travail qu’Ozanam commença dans un moment de mieux fut achevé all’Antignano en juillet et dans les premiers jours d’août, peu-de semaines avant sa mort ; alors qu’il était si faible qu’il ne pouvait écrire plus de deux ou trois lignes sans s’étendre sur un canapé. Les dernières pages de ce récit sont les dernières qu’il ait écrites. Après il ne reprit la plume que pour tracer quelques prières qu’il répétait souvent et que l’on voulait conserver.