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du poëte et les déposèrent dans la sépulture commune des frères, où le cardinal n’osa pas les poursuivre. Le tombeau froid, mesquin, devant lequel vous vous êtes sans doute arrêté comme moi, n’est plus qu’un cénotaphe. Ce récit se trouve dans les archives du couvent ; mais jusqu’ici on s’est gardé de le publier, les uns par égard pour le cardinal, les autres pour le poète, les autres pour le tombeau. Quant à moi, je n’ai pas de Dante le génie, ni la femme acariâtre et les six enfants ; mais pour peu que ma destinée continue, je pourrai devenir son digne confrère dans un ordre pauvre et voyageur.

Ne croyez pas, cher ami, que j’aie voulu attendre la publication de votre article pour vous remercier c’était assez qu’il fût écrit et je devinais que vous ne me maltraiteriez point. Je vous aurais répondu, il y a quinze jours, si j’avais pu vous donner de mes nouvelles, c’est-à-dire si j’avais su vous dire ce qu’on faisait de moi ; surtout s’il m’eût été permis de prendre rendez-vous sous quelque feuillée solitaire des environs de Paris, pour vous entendre lire une autre Hilda. Mais ces quinze jours se sont passés dans de grandes incertitudes, en attendant des avis de médecins et des informations de logements. La conclusion est que nous redevenons Italiens au moins pour deux mois, que nous allons, comme le beau monde de Florence, de Sienne et de Livourne, passer juillet et août all’Antignano,