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sents n’ont pas toujours tort. J’espère en effet que Dieu écoutera mes amis chrétiens et me rendra la joie de les voir. Pour le moment mon rétablissement est un peu retardé par les fatigues du voyage et par les pluies éternelles dont nous jouissons sous le beau ciel de la Toscane. Mais ni les averses qui grossissent le cours de l’Arno et menacent ses ponts de marbre, ni les neiges qui blanchissent à deux pas de nous les montagnes de Lucques, ni même le souffle glacé qui règne sous les portiques du Campo Santo, rien n’a réveillé les susceptibilités de mes anciens maux. Je le tiens donc pour guéris, et tout en attendant un plus complet retour de mes forces, je continue tranquillement les petits travaux de ma mission littéraire.

La bonne ville de Pise a, grâce à Dieu, des monuments qu’on peut visiter à l’abri de la pluie, et consulter au coin d’un bon feu. Je veux parler de son excellente bibliothèque. Soixante mille volumes m’y donnent à peu près tout ce que je puis désirer en fait d’histoire, d’antiquités ecclésiastiques et municipales. Un savant conservateur, M. F errucci, latiniste. très-habile, et pénétré de vénération ’pour M. le Clerc et pour M. Naudet, me fait les honneurs du lieu, et m’installe à la table où travaillait l’année dernière M. Ravaisson. En me laissant sa place dans le cabinet, professoral, auprès de la petite cheminée privilégiée, M. Ra--