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cachaient les merveilles de l’Italie, et que ce miracle soit l’ouvrage de nos amis ?

Je voudrais que la foi du peintre de Fiesole se ranimât en Italie comme sa réputation, et que cette terre catholique retrouvât la ferveur qui lui fit produire tant de chefs-d’œuvre. Mais autant qu’on en peut juger après un mois de séjour, les conditions religieuses de ce pays semblent très compliquées. En général les plus grands esprits sont des chrétiens, même des convertis, mais en même temps ce sont des libéraux et par conséquent des mécontents. Dans la bourgeoisie je crois reconnaître tous les mauvais sentiments de notre bourgeoisie de la Restauration. La masse du peuple, ici du moins et à Florence, remplit les églises. A la différence de notre France, on voit même aux jours d’œuvre, les autels entourés, non de gens comme il faut, mais d’artisans, de cochers, de paysans et de femmes de la halle, avec lesquels il faut se coudoyer si l’on veut s’asseoir sur les bancs qui remplacent nos chaises. J’ai presque tous les jours la messe de onze heures ; Saint-Simon l’appellerait la messe de la canaille . Je trouve les communions plus nombreuses que je n’aurais cru. Cependant le protestantisme fait de grands efforts et trouve des sympathies dans ce pays où il en excita déjà au seizième siècle. Il y a une grande liberté de publier et de vendre : j’ai trouvé chez les petits étalagistes de Florence la traduction de