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murs de la cathédrale m’ont rappelé les têtes coupées des sept infants de Lara. Mais, par-dessus tout, et à chaque pas, la grande image du Cid. Le lieu de sa maison marquée par une pierre monumentale, le château où il célébra ses noces avec Chimène, la porte de l’église où il obligea le roi Alfonse VI à se purger par serment, de la mort de son frère ; le coffre ; oui, monsieur, le célèbre coffre qu’il remplit de sable et sur lequel les juifs du lieu lui prêtèrent six cents écus d’or. Enfin, ce qui est plus triste, ses os qu’on a troublés dans leur tombe, qu’on a tirés du couvent supprimé de Saint Pierre de Cardena pour les conserver dans un cercueil de bois à la chapelle de l’Ayuntamiento. Désormais pour moi toutes ces traditions vivent, tous ces personnages ont chair et sang ; j’ai presque touché de ma main la belle barbe du Campeador, et si je veux réveiller son vieux cheval Babieça, je sais l’endroit où il est enterré.

Voilà pour les temps merveilleux et légendaires. Mais, au douzième siècle, les monuments commencent, la ville des rois se bâtit avec une grandeur dont nous avons les restes. Je ne parle pas de la cathédrale que vous avez sans doute visitée en passant. Nous y sommes demeurés cinq heures en différentes fois, et nous n’avons pas achevé de la voir ; avec ses flèches et sa coupole et ses nefs spacieuses, ce serait déjà une des belles églises de la chrétienté. Que dire de ces cloîtres, de ces chapelles grandes