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gardiens d’avoir si bien protégé notre course. Le vent glacé qui gémit sur nos têtes nous ramène au logis, et ne nous permet pas la promenade du soir. Heureusement le logis n’est point mauvais. Le Parador de las Postas dément la réputation des auberges d’Espagne. Il y a bien dix vitres fendues à nos deux fenêtres, mais elles sont garnies d’excellents volets. Nous dînons sans mauvaise huile, et si le vin sent un peu l’outre, ce goût ne nous déplaît pas. Voici de bons lits, et la fatigue du voyage nous les fait trouver délicieux. Madame Ozanam et sa fillette dorment à ravir ; pourquoi n’en ferais-je pas autant ?

Ce 19.

Ce matin il pleut de plus belle. Ce n’est pas une raison pour ne pas visiter la cathédrale. Nous y avons passé trois heures et nous n’avons pas fini. Ici comme en Italie une cathédrale est un monde d’abord l’élégante façade s’élance avec ses deux flèches hautes de trois cents pieds, et si légères, si merveilleusement ouvragées qu’on ne les croirait pas plus élevées que les tours de Notre-Dame de Paris : ce n’est pas l’œuvre des géants, c’est l’œuvre des anges, tant c’est aérien, gracieux et tout à jour. L’intérieur au contraire est sévère, massif et plutôt lourd : trois grandes nefs soutenues par d’é-